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Gabriel Féraud

Interview de Chris Delaporte

Interview de Chris Delaporte recueillie par votre serviteur aux Utopiales 2007



 

 

Chris Delaporte est le sympathique réalisateur de Kaena, la Prophétie, qui marqua à jamais l’histoire du cinéma français en étant le premier film français SF en 3D. Il était temps que l’on reparle de ce petit bijou sorti sur nos écrans en 2003, avec un scénario signé Pierre Bordage.

LeFantastique.net: Vous êtes le réalisateur de Kaena, film en 3D diffusé en salle en 2003. Pouvez-vous nous rappeler l'historique de ce film ?
Chris Delaporte: J'ai commencé à travailler sur ce projet en 1995 et la production a réellement commencé en 1997 puis le film est sorti en 2003.

C'est une durée assez longue, avez-vous rencontré de sérieux problèmes ?
Quand on met les différentes étapes bout à bout, il y en a pour sept ans et demi. Ce n'était effectivement pas prévu de durer aussi longtemps. Il y a eu des complications, le souci majeur étant de trouver le financement du projet. Il n'y avait aucune production de film 3D à l'époque en France, c'était une première. Même dans le reste du monde, on ne trouvait pas de film fantastique en 3D. Nous avons fini par obtenir l'aide de Canal +. Ensuite, l'argent trouvé, ce ne fut pas plus facile… car personne n'avait jamais fabriqué ce type de film !

Les équipes travaillant autour de ce film étaient internationales ou regroupées en un studio ?
C'était essentiellement en France, mais nous travaillions avec un studio à Montréal qui a réalisé une partie de l'animation. C'était notre seul partenaire. Tout le reste a été réalisé en France. C'était plus simple pour un premier film de ce type, avec un studio qui était tout neuf et moi, un réalisateur tout neuf !

Le scénario était de Pierre Bordage. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre collaboration ?
Oui, tout à fait. Malheureusement, nous nous sommes peu vus. Nous avons commencé à travailler ensemble au tout début, sur la toute première version du scénario, à partir du synopsis que j'avais écrit. Sur la suite du travail, Pierre Bordage a été évincé, ce qui fut à mon avis une belle erreur.

Qu'est-ce que Pierre Bordage a pensé du produit fini ?
Je sais qu'il a aimé le film, mais effectivement, je ne lui ai jamais demandé ce qu'il pensait du scénario final!

Qui disposait de la Director's cut pour ce film ?
C'était moi. Le problème, c'est qu’après avoir travaillé sur un projet pendant sept ans, on finit par manquer de recul. On croit que certaines choses sont dans le scénario mais entre temps elles ont été retirées, etc. Cela demande pas mal de temps pour éclaircir tout ça.

Le budget était-il conséquent ?
Au final, il s'est monté à 11 ou 12 millions d'euros. Cela paraît conséquent de prime abord pour un film français, mais c'est dix fois moins qu'un film de chez Pixar ou Dreamworks par exemple.

Le film a-t-il été diffusé à l'étranger ?
Oui, il a été projeté dans 25 pays, dont les États-Unis et le Japon.

A l'époque, aviez-vous pensé aux goodies, à tout l'aspect mercantile que l'on trouve désormais autour des films en 3D ?
Nous y avons songé, mais c'est resté limité. Il y a une statuette de Kaena, le livre de Pierre Bordage. Nous n'avons pas été plus loin car il fallait préparer cela longtemps à l'avance et nous avions suffisamment de problèmes à régler !

Si vous pouviez retravailler cette aspect des choses, vous le referiez ?
Je ne suis pas sûr. Pour moi, tout cet aspect concerne la production, le producteur. C'est vrai que tous les moyens sont bons pour rentabiliser les coûts d'un film particulièrement onéreux. Moi, ce qui m'intéresse, c'est la réalisation du projet, le film en lui-même. C'est plaisant d'avoir une statuette à l'effigie de l'héroïne, pour le reste ce n'est pas ma priorité ni une préoccupation.

Quel fut l'accueil des critiques pour ce premier film d'animation 3D français ?
Il a été plutôt bien accueilli. Je m'attendais à plus d'agressivité car nous n'étions pas dans les canons habituels. Kanea c'était de la science-fiction, cela ressemblait plus à des films d'animations japonais. Finalement, les critiques furent sympathiques. Seulement la sortie du film, à mon sens, n'a pas été suffisamment relayée alors que c'était le premier film 3D français dans ce genre ! Ils ne devaient pas savoir où ranger le film, dans quelle catégorie:Jeunesse ? Science-fiction ? Adolescent ? Les critiques aussi ont dû avoir des difficultés à se positionner. Comme les exploitants de salle d’ailleurs. À quelle heure devaient-ils mettre le film ?

L'entreprise n'a pas été mise en péril ? Le budget a été rentabilisé ?
Au cours des sept ans une entreprise a coulé, la première boîte de production. Mais l’exploitation du film a été une réussite.

Avez-vous d'autres projets en cours ?
Je suis en train de finir un scénario. J'ai mis du temps, me demandant si je ferais un film d'animation ou pas, puis je me suis dit que l'histoire primait avant tout. Après, je verrai bien comment réaliser ce film. En principe je devrais déjà faire la distinction ou pas, mais je pense qu'écrire tout de suite pour un film d'animation simplifie grandement le discours. C'est du détail de savoir si ce sera animé ou pas. Matrix n'est-il pas un film d'animation après tout ?

Propos recueillis par Gabriel Féraud

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